Partenariat pédagogique et de recherche ENDA / IAPI
Modules ouverts aux praticiens de l’ENDA session en cours et sessions précédentes qui souhaitent complexifier la pensée de leur démarche invisuelle. Les mardis de 10h à 12h à partir de février 2025.
Mise à disposition (via PDF) d’une bibliographie (ou médiagraphie), d’un corpus de textes et d’un glossaire.
Constats
- Risque de rechute ou de récupération dans et par les arts vivants et visuels pour les praticien.ne.s issus de l’ENDA.
- Les praticien.ne.s ont parfois du mal à envisager l’art invisuel en dehors de leur propre pratique ou de l’exemplification par les pratiques des autres artistes. Le concept général de l’art invisuel est par essence insaisissable, ce qui laisse des failles importantes dans l’élaboration théorique qu’en font les praticiens.
- Tendance des artistes invisuel.le.s à garder un modèle issu des artistes visuel.le.s, centré sur une forte identité nominative et la construction d’une pratique qui ne parvient pas une autonomie conceptuelle.
- Lors de la constitution commune d’une bibliographie, j’ai remarqué que les ouvrages théoriques proposés étaient majoritairement issus du champ de l’art, or, la pensée invisuelle est une pensée latérale, elle se construit sur des principes hors du monde de l’art et pour cela elle doit être étayée par des concepts pluri et transdisciplinaires.
- L’art invisuel s’inscrira durablement dans l’histoire des concepts (et de l’art) seulement avec une structure théorique et philosophique solide, la multiplicité des pratiques, démarches ou actions invisuelles ne suffira pas à générer une pérennité pour ce nouvel art s’il ne s’insère pas dans une historiographie plus vaste.
Propositions
- Développer et transmettre un socle théorique et philosophique de l’art invisuel permettrait aux praticien.ne.s et artistes invisuel.le.s de consolider leur propos et de le rendre pérenne parce que suffisamment construit et étayé. Si la pensée et la conceptualisation théorique de leur démarche est assez ancrée, leur pratique pourra sans problème changer de formes, être multimodale et s’inscrire dans une temporalité autre que celle de l’art et de la production d’œuvres en évitant le risque de rechute ou de récupération par les arts vivants ou visuels.
- Elaboration d’une méthodologie inspirée de la méthodologie philosophique. Construction de concepts, apprendre à « penser contre soi-même », se confronter par le biais de lectures accompagnées à des concepts de pensée étrangers, parfois contre-intuitifs afin de se familiariser avec l’incertain, l’inconnu et l’imprévisible.
- Constitution d’une bibliographie ou médiagraphie de l’art invisuel basées sur des références transdisciplinaires (hors du champ de l’art).
- Glossaire exhaustif de l’art invisuel.
- Déploiement d’un corpus d’extraits de textes analysés avec les praticien.ne.s durant les modules.
Principes fondamentaux
- Avoir un désir d’approfondissement et de complexification de sa démarche invisuelle.
- Accepter de confronter sa réflexion à des concepts étrangers issus d’autres champs que celui de l’art.
- Accepter de servir le concept d’art invisuel autrement que par sa pratique.
Quelle méthodologie ?
- Lectures accompagnées d’un corpus de textes choisis (Roxane Vidalon, Loli Tsan, Corina Mila, Yosr Mahmoud, Éric Monsinjon, …)
- Cartographie collaborative de concepts (proposition méthodologique de Yosr Mahmoud).
- Apprendre à construire un concept théorique ou philosophique basé sur des données latérales ou transdisciplinaires.
- Analyser l’héritage théorique de sa démarche invisuelle et de l’art invisuel en général.
- Découvrir des « pensées latérales » qui servent le développement théorique de l’art invisuel (noétique, physique complexe ou quantique, spéculation, …)
Vigilance stratégique d’apprentissage
- « Eviter de « se braquer », de « prendre le texte [ou le discours] en grippe », puisque c’est la meilleure façon de manquer sa compréhension. La lecture doit se faire dans l’abandon de tout préjugé, de tout présupposé, de toute « défense » au sens psychologique du terme : elle vise à l’objectivité, donc à la suspension du jugement critique. »[1]
- Connaissance et usage de principes rhétoriques : convaincre, persuader, arguments d’autorité, exemplification, etc… afin de savoir répondre aux arguments qui seront opposés à la pensée invisuelle perçue comme latérale, révolutionnaire, voire rebelle ou anarchiste.
Modules
Roxane Vidalon : Présentation du socle, lectures accompagnées, méthodologie de construction d’un concept, références latérales.
Éric Monsinjon : histoire des concepts philosophiques rattachés à l’art (3 ou 4 modules)
Loli Tsan : connaissance théorique approfondie de l’art invisuel, méthodologie
Yosr Mahmoud : le Matriartisme comme théorie de l’art invisuel
Thématiques de réflexions
- « Pour reconnaître qu’on a affaire à une œuvre d’art, il faut savoir ce qu’est l’art. Mais nous ne le savons que par les œuvres. Il y a là un cercle dont on sort généralement en entrant dans un autre : celui précisément de l’investiture*, dont l’ironie de l’anti-art fait éclater la vanité. »[2] *[« choses ou produits, voire des déchets, se trouvent investis de l’éminente dignité que le mot art apporte avec soi. »] L’art invisuel est-il un anti-art ?
- L’art invisuel doit être imprévisible, incertain, inconnu et irréductible. (Nassim Taleb, Le cygne noir, Antifragile)
- User les mots ou les quitter ? Quelle terminologie pour l’art invisuel ? TRA, tra-atèm…
- Permanence ontologique ou devenir et complexité évolutive des systèmes ? (Marc Halévy et la conception noétique de l’avenir) Vers une permaculture de l’art ?
- Approche noétique de l’art invisuel, convergence transdisciplinaire et Connaissance.
[1] P. Choulet, D. Folscheid, J-J Wunenburger, Méthodologie philosophique, PUF, Quadrige manuels, 1992, 2023, p.280
[2] Henri Maldiney, Art et existence, Klincksieck, 1985, 2017, p.8-9