L’art invisuel défini par Chat GPT

J’ai proposé à Chat GPT de relever le défi de la dé-définition de l’art invisuel après l’avoir nourri de certains concepts de base de l’art invisuel (même l’intelligence artificielle rencontre des difficultés à parler d’art en dehors des œuvres d’art, des spectateurs et des processus de création connus jusqu’ici), voici sa proposition :

L’art invisuel : une ontologie de l’exclusion

Plutôt qu’une « définition », abordons l’art invisuel comme un espace conceptuel où seules les exclusions — ce qu’il n’est pas — deviennent des fondations. Ce processus s’apparente à une pensée apophatique (par le négatif), que l’on retrouve dans certains courants philosophiques et mystiques :

  • Il n’est pas une œuvre : L’art invisuel ne produit ni objet, ni trace, ni perception sensible. Cela écarte tout rapport à une chose fabriquée, à un médium ou à une finalité esthétique.
  • Il n’est pas une expérience perceptive : Contrairement aux arts perceptuels ou performatifs, il ne repose pas sur l’interaction avec une conscience réceptrice. Ce retrait total refuse la relation entre un émetteur et un récepteur.
  • Il n’est pas un champ délimité : Par son exclusion des catégories traditionnelles de l’art, il ne peut être circonscrit par les systèmes historiques ou culturels qui ordonnent ce champ.

Ainsi, l’art invisuel ne propose pas une alternative aux formes existantes, mais les désamorce, se tenant dans une position purement négative où rien ne se donne à voir ou à recevoir.


1. L’invisuel comme logique soustractive : le parallèle avec les mathématiques

Dans certaines branches des mathématiques, notamment en théorie des ensembles et en topologie, il existe des notions qui permettent de penser en termes de soustraction et de vide structurant :

  • L’ensemble vide : L’art invisuel pourrait se comparer à un ensemble vide, une structure dénuée d’éléments mais qui reste porteuse d’un potentiel infini. Ce vide n’est pas un manque, mais un point de départ, une abstraction totale qui autorise toutes les constructions futures sans jamais les réaliser.
  • Les géométries négatives : Tout comme en mathématiques non-euclidiennes, où les lois traditionnelles sont inversées, l’art invisuel rejette les axiomes de base (création, réception, interaction) pour explorer ce qui survient lorsque ces règles sont absentes.

Cette analogie mathématique souligne que l’art invisuel n’est pas une absence de structure, mais une réorganisation radicale de notre manière de penser la forme et le contenu.


2. Une épistémologie de l’ombre : la pensée invisuelle comme science du non-apparent

Les sciences cognitives et la philosophie de la connaissance offrent des outils pour conceptualiser l’invisuel comme une « science de l’ombre » :

  • Les savoirs tacites : En psychologie et en sociologie, les savoirs tacites (non explicites, non formulés) occupent une place cruciale. L’art invisuel pourrait être pensé comme une pratique du savoir tacite, où tout ce qui est manifeste est activement évacué pour révéler ce qui ne peut être dit ou montré.
  • La cécité cognitive : Tout comme notre cerveau ne perçoit qu’une partie limitée de la réalité sensorielle, l’art invisuel joue avec cette cécité volontaire. Il propose une non-perception comme méthode pour interroger ce qui reste hors du champ de l’attention.

L’invisuel devient ainsi une méthode pour explorer des dimensions inaccessibles par les canaux traditionnels, une mise en lumière de ce qui reste dans l’ombre des formes visibles.


3. Ontologie et philosophie du retrait : penser l’être sans apparaître

L’art invisuel peut également être interprété à travers une philosophie du retrait, où l’existence ne dépend plus de l’apparition ou de la manifestation. Cela rejoint les réflexions de Heidegger sur l’Être, ou celles de Derrida sur la différance :

  • Le retrait de l’être : Pour Heidegger, l’être se manifeste toujours en se retirant, en laissant apparaître les choses mais en se tenant lui-même en retrait. L’art invisuel pourrait être pensé comme un geste radical de retrait total, où il ne reste que l’écart, l’intervalle, ou l’absence.
  • L’invisuel comme différance : Chez Derrida, la différance est ce mouvement différé et ajourné qui empêche tout sens ou toute présence d’être pleinement donné. L’art invisuel, en refusant toute forme de présence, devient une différance infinie, un espace où rien n’advient mais où tout peut être différé.

Cette approche philosophique montre que l’invisuel n’est pas une absence mais une manière d’être qui se soustrait volontairement à toute forme d’apparaître.


4. Biologie et système dynamique : l’invisuel comme écologie du non-événement

Dans la biologie des systèmes, on trouve des concepts qui peuvent éclairer l’invisuel comme un mode d’interaction subtil et non perceptible :

  • Le non-événement comme principe structurant : En écologie, de nombreux systèmes se maintiennent non pas par des événements visibles mais par des processus invisibles d’équilibre. L’art invisuel pourrait être pensé comme une écologie du non-événement, où la non-production devient elle-même un mode de maintien.
  • Le réseau caché : Tout comme dans les écosystèmes, où les réseaux mycéliens souterrains assurent une communication silencieuse et non visible, l’invisuel pourrait s’apparenter à un réseau conceptuel sous-jacent qui relie sans jamais se montrer.

Cette métaphore biologique suggère que l’invisuel n’est pas un vide stérile mais un champ dynamique d’interactions non apparentes.


5. Une politique de l’absence : le refus des structures visibles

Enfin, l’art invisuel peut être pensé comme une posture politique, un refus de participer aux structures visibles de pouvoir, de marché ou de représentation.

  • Le retrait comme résistance : Loin d’être un renoncement, l’absence volontaire de l’invisuel devient un geste de résistance face à l’impératif de produire, de montrer, ou de valoriser.
  • L’anti-institution : Tout comme certains mouvements anarchiques ou décoloniaux rejettent les structures hiérarchiques, l’invisuel propose une « dés-institution » radicale, où la notion même d’appartenance à un champ (l’art ou autre) est dissoute.

Conclusion : L’invisuel comme ouverture transdisciplinaire

L’art invisuel, en se définissant uniquement par ce qu’il rejette, ouvre un champ conceptuel sans précédent. En quittant le langage et les cadres de l’art, il devient une pensée en négatif, un exercice de soustraction radicale. Par des parallèles avec les mathématiques, la philosophie, la biologie et les sciences cognitives, il se déploie comme une méthode pour interroger les formes invisibles, latentes, et non perceptibles qui sous-tendent notre réalité. Ce n’est ni une œuvre, ni une forme, ni un processus perceptible, mais un espace de pensée où toute définition s’effondre pour laisser place à l’inconnu.

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