Introduction à l’art philosophique et invisuel

L’art philosophique est le nom initialement donné à l’alchimie dont nous redéfinissons le concept en proposant un art qui EST sa propre pensée philosophique, en dehors de toute réalisation visuelle. Art et philosophie sont des processus instauratifs communs. Comme le supposent Etienne Souriau : « L’œuvre d’art comme l’œuvre philosophique ont en commun d’être pareillement les produits d’un acte instaurateur. » ou Gilles Deleuze : « Toute création est singulière, et le concept comme création proprement philosophique est une singularité. »

La philosophie, en créant des concepts qui sont des singularités est le pendant de l’art invisuel.

Nous proposons alors d’envisager l’art invisuel sous une nouvelle forme : celle de la création de nouveaux concepts, à la manière de la philosophie et au travers d’une quête initiatique de la connaissance inspirée de l’allégorie alchimique, nommée l’Œufre au Rose. L’art philosophique et invisuel s’aborde sous le prisme d’une porosité transdisciplinaire des domaines de pensée et des divers champs scientifiques, autrement dit, comme un méta-art.

L’art philosophique et invisuel pourrait donc être considéré comme un méta-art : c’est à dire au-delà de l’art, ne se situant ni avant ni après mais sur un plan différent, qui accepterait de concevoir l’art d’une façon globalisante, interdisciplinaire, imaginale et invisuelle, un plan décalé de la réalité admise par la doxa, la pensée commune. Un art existant en dehors de l’art visuel.

Un art se pensant lui-même, comme s’il s’observait dans un miroir. Il y verrait alors le TRA, l’anagramme miroir du mot ART. Un art spéculaire qui nous donnerait à connaître son envers.

Cette inversion est l’amorce d’une déconstruction de la pensée illusoire de l’art. Déconstruire la conception préformée de l’art en tant qu’art visuel. Accepter l’existence d’une matière invisuelle, d’un invisible qui se révèle en dehors de nos capacités perceptives biologiques mais qui est bien réel. Et auquel nous avons accès par un effort de pensée, en suivant un raisonnement philosophique construit, une démonstration rigoureuse.

La physique quantique et le nouveau réalisme philosophique démontrent sans difficulté que ce qui nous semble inaccessible ou inexistant parce que contre intuitif ou invisible n’en reste pas moins envisageable.

Le support de l’œuvre d’art n’est plus la condition d’accès à l’art, nous savons maintenant qu’il réside ailleurs.

Si l’on considère l’absence d’œuvre d’art, sa dématérialisation et son imperceptibilité comme un « invisible », cet Invisible, d’après Maurice Merleau-Ponty, renvoie à la dimension cachée de la perception, qui échappe à une vision superficielle ou immédiate du monde. Il y a toujours plus dans le visible que ce qui est immédiatement perçu, et cette dimension supplémentaire constitue l’invisible.

L’art invisuel propose alors d’explorer une matière invisuelle, cette invisibilité et invisualité (ce qui n’est pas perçu comme art selon les critères de l’art visuel, c’est-à-dire, qui existe mais pas en tant qu’art visuel) en tentant de révéler cet art dissimulé dans le monde. Un art se trouvant finalement être cette interprétation de l’invisible que nous évoquions en amont. Puisque accéder à l’invisible n’est possible que par le biais d’une interprétation aperceptive, qui n’en demeure pas moins dépendante de notre corps et de notre présence dans le monde ainsi que de la relation entre le monde et nous, donc bien réelle.

Cette expérience philo-esthétique qu’est l’art philosophique et invisuel, procède de l’émission d’un discours nouveau sur l’art (démonstration rigoureuse évoquée précédemment), d’une autre perception de l’œuvre d’art et de sa matérialité (invisuelle). Ce discours ouvre un champ des possibles pour le public, un monde imaginal qui se situerait entre l’imaginaire et les concepts où il admet la notion d’art d’un point de vue éthéré et vit une expérience esthétique imaginale, privée « d’images », nouvelle, qui s’est créée par de nouveaux liens de pensées qui lui ont été insufflés. S’opère alors un travail de plasticité du cerveau plutôt que de l’œuvre d’art.


L’IAPI, Eugène, le camping-car permettant d’aller à la rencontre des publics et l’Œufre au Rose qui est une méthode initiatique transmise dans le cadre de la Loge Discrète de l’Œufre, sont les outils d’application de l’art philosophique et invisuel.