Acausalité : Désigne un principe ou une relation dans laquelle un événement ou une occurrence ne découle pas d’une cause identifiable ni d’un lien de causalité linéaire. Ce concept, souvent exploré en philosophie et en physique, est particulièrement notable dans la pensée de Carl Gustav Jung, où il est utilisé pour expliquer la synchronicité : des événements qui, bien que dépourvus de relation causale, apparaissent significativement liés. En physique quantique, le concept d’acausalité renvoie à des phénomènes où la relation cause-effet classique semble disparaître, comme dans les interactions de particules subatomiques.
Art Invisuel : Terme crée en 2004 par Alexandre Gurita (directeur de la Biennale de Paris, et de l’ENDA) signifiant que « L’invisuel est visible mais pas en tant qu’art selon les critères de l’art visuel. Les pratiques invisuelles se manifestent autrement que sous forme d’œuvres d’art, matérielles ou immatérielles. Elles sont inscrites dans le réel à tel point qu’on ne peut pas toujours les distinguer de ce qui les entoure. Elles n’ont pas forcément besoin d’être vues et/ou partagées pour exister. » Pour davantage d’informations sur l’art invisuel voir https://www.enda.fr/
Art philosophique ou philosophal : Art qui incarne sa propre pensée, indépendamment de toute forme visuelle et de tout concept d’œuvre d’art, en rejoignant la philosophie dans un acte commun de création conceptuelle. Inspiré par l’alchimie et l’idée de quête initiatique, cet art invisuel s’appuie sur la création de concepts singuliers, à l’image du processus philosophique décrit par Souriau et Deleuze. Il s’inscrit dans une approche transdisciplinaire, où l’art et la science fusionnent pour former un méta-art qui dépasse les frontières traditionnelles de la pensée de l’art et des disciplines.
Autonomie radicale : Dans le cadre du nouveau réalisme, Markus Gabriel aborde l’autonomie radicale d’une manière distincte en rejetant l’idée que la pensée humaine puisse être complètement auto-constituante et indépendante de toute réalité extérieure. Gabriel, en accord avec les principes du nouveau réalisme, soutient que notre autonomie est toujours limitée par le contact irréductible avec un « champ de sens » préexistant et indépendant, qui constitue le monde.
Pour Gabriel, l’autonomie radicale ne réside donc pas dans la capacité de créer ex nihilo nos propres normes ou de nous auto-instituer librement, mais dans une prise de conscience de l’objectivité des significations qui nous entourent et de l’impossibilité de réduire le réel à nos constructions mentales ou sociales. Autrement dit, l’autonomie est vue ici comme une reconnaissance lucide de notre dépendance à un « réalisme des champs de sens, » où l’individu accepte son inscription dans une multiplicité de réalités autonomes, indépendantes de sa perception et de sa volonté.
Imaginal : Le terme imaginal est proposé par Henry Corbin en 1979 dans sa seconde édition de Corps spirituel et terre céleste, Pour une charte de l’Imaginal. Il y distingue l’imagination du « monde imaginal » en élaborant un « entre-deux entre le “monde escompté” et le “monde observé”, une sorte de “brèche dans le décor” qui permettrait – comme il l’écrit – de remettre le monde à l’endroit. » La faculté imaginale serait donc ce qui se situe entre le réel et l’imaginaire, entre le visible et l’invisible, entre le matériel et l’immatériel.
Imprévisibilité : Pour Nassim Taleb, l’imprévisibilité désigne l’incapacité humaine à anticiper les événements rares et extrêmes, qu’il nomme des cygnes noirs. Selon Taleb, ces événements, hautement improbables et imprévisibles, ont pourtant des conséquences majeures sur le cours de l’histoire, la finance, ou encore la société. La pensée de Taleb critique notre tendance à sous-estimer l’incertitude et à surestimer la régularité des phénomènes en s’appuyant sur des modèles linéaires. Pour lui, embrasser l’imprévisibilité implique de concevoir des systèmes résilients et « antifragiles, » capables non seulement de résister, mais de tirer parti des chocs imprévus. C’est ce que propose de faire l’art invisuel.
Institut d’Art Philosophique et Invisuel (IAPI) : Structure de recherche, d’expérimentation et de transmission autour de la philosophie et de l’art invisuel. L’institut est une association loi 1901 à but non lucratif, fondée en mars 2024 par Roxane Vidalon. Eugène le camping-car est une cellule mobile de l’IAPI, capable d’aller au contact des publics.
Méta-art : c’est à dire au-delà de l’art, ne se situant ni avant ni après mais sur un plan différent, qui accepterait de concevoir l’art d’une façon globalisante, interdisciplinaire, imaginale et invisuelle, un plan décalé de la réalité admise par la doxa, la pensée commune. Un art existant en dehors de l’art visuel. L’art philosophique et invisuel s’aborde sous le prisme d’une porosité transdisciplinaire des domaines de pensée et des divers champs scientifiques, autrement dit, comme un méta-art.
Noétique : A la croisée de la connaissance intuitive, des systèmes complexes et de l’esthétique immatérielle, vise à explorer les dimensions invisibles et émergentes de la réalité. Elle dépasse le rationnel pour appréhender un savoir profond et interconnecté, où les symboles, les intuitions et les interactions deviennent des vecteurs de sens. Dans une ère de complexité croissante, la noétique incarne une intelligence évolutive, capable de saisir les dynamiques du devenir et d’intégrer l’invisible comme territoire de découverte et de création fondamentale.
Œufre : [nom masculin] est un néologisme, une compression des termes Œuvre et Œuf. Ici, Œuvre est à saisir au sens alchimique, comme processus opératif et non pas comme une œuvre d’art au sens objectal. L’Œuf quant à lui est la forme ovoïde proche de la sphère, globalisante et indifférenciée, espace neutre contenant toutes les potentialités. Signe de l’unité cosmique, reflet du principe, évoqué plus haut comme essence première, dans son intention créatrice, non encore réalisé. Il est aussi l’image symbolique de l’Athanor, creuset utilisé en alchimie comme contenant placé dans le feu, à l’intérieur duquel s’opère les transformations des métaux ou minéraux, au cœur duquel se réalise le Grand Œuvre, nom donné au processus alchimique complet menant à la pierre philosophale.
Oratoire : L’oratoire, chez les alchimistes, est la partie mentale du laboratoire, la serre à informations et à idées, le lieu de la pensée, de la prise de notes, de réflexion, du croisement d’informations, de la compilation et de la recherche d’ouvrages. Il concerne le volatil, l’esprit, ce qui est en haut et dedans. Mais il est également un lieu d’échange et de partage avec d’autres alchimistes, chercheurs, praticiens ou artistes.
Permaculture de l’art : Si, par analogie, nous établissons un parallèle entre agriculture et permaculture et art visuel et invisuel; alors, si permaculture signifie davantage d’observation, d’intelligence et moins de gestes et d’interventions, l’instauration d’une confiance en la nature adaptable et prolifique, nous pouvons assez rapidement faire un parallèle avec l’art invisuel. Ainsi, l’agriculture conventionnelle serait le pendant de l’art visuel, c’est à dire ayant été normée, fonctionnant via des techniques, des codes, qui ont créé un conditionnement de la nature, de ses acteurs et de ses consommateurs. “Perma” signifiant “permanence”, une permaculture de l’art permettrait de découvrir la permanence de l’art, au sens de sa nature profonde, initiale, prolifique et probablement durable. Un art sans interventionnisme, sans fabrique, qui retrouverait sa place auprès des individus, au cœur de la vie. Sur le plan stratégique, cette permaculture de l’art est ce que nous pourrions appeler un “chaos fertile” (5ème des 36 stratagèmes).
TRA / ART : L’art de l’autre côté du miroir est le tra. Tout comme l’alchimie qui se trouve au carrefour de l’art, de la philosophie, de la matière et de la pensée. L’art philosophique et invisuel est transdisciplinaire, opératif et spéculatif. Est spéculatif ce qui est réflexif et théorique, est spéculaire ce qui est relatif au miroir et au reflet. Analyser en profondeur l’art spéculatif et spéculaire, le nouvel art. Un art spéculaire qui nous donnerait à connaître son envers.